LE RÈGNE ANIMAL
❤️❤️❤️❤️
Dans un futur proche où une partie de la population se transforme en animaux, un père et son fils s’embarquent dans une quête qui bouleversera à jamais leurs existences.
Voici donc un film de genre français, ce qui risque de faire peur à pas mal de spectateurs, mais vous auriez tort de passer à côté, car on a film fantastique qui n’a pas à rougir des productions hollywoodiennes tout en ayant sa propre personnalité. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant qu’il ait fait partie de la shortlist des cinq films présélectionnés pour représenter la France aux Oscars.
Techniquement, le film est extrêmement maitrisé et vraiment généreux en termes de créatures, d’autant plus qu’il rentre directement dans le sujet. Le film s’est donné les moyens de ses ambitions (15 millions de budget est plutôt conséquent pour une production de genre Française) et si il est loin des budgets astronomiques des grosses productions américaines, il exploite le moindre euro pour rendre les « bestioles » bluffantes de réalisme. Il y a un énorme travail sur les maquillages et les prothèses rendant chaque apparition de créature saisissante, ou flirtant parfois avec le body horror.
Un peu comme THE CREATOR, la semaine dernière, le rendu réaliste du film met à l’amende pas mal de grosses productions qui bâclent leurs effets spéciaux à base de FX douteux…
D’autant plus que le film est aidé par une photographie et une mise en scène souvent très inspirées, donnant des plans qui marque la rétine. La scène d’ouverture est de ce point de vue exemplaire, flirtant avec les codes du film catastrophe, mais je pense aussi à cette scène dans un champ visuellement éblouissante.
Mais le film ne brille pas uniquement par la forme, mais aussi par le fond. La relation entre le père et son fils, mais surtout l’évolution de leurs personnages, sont exemplaires. Romain Duris, comme toujours, impressionne par son talent d’acteur et apporte énormément d’émotion au film.
Mais la vraie découverte, c’est Paul Kircher. Même, si j’étais dubitatif sur les premières minutes, plus le film avançait, plus il a réussi à m’emporter pour être finalement LE grand atout du film.
Sans jamais en faire des caisses, le duo arrive à profondément toucher le spectateur.
Après, le film n’est pas exempt de défauts, mais je les lui pardonne, tant la proposition du film est généreuse.
On pourra regretter que l’excellente Adèle Exarchopoulos n’ait ici qu’un rôle anecdotique, un peu comme tous les seconds rôles, mais c’est surement ce qui permet de se concentrer sur la relation père-fils qui est au cœur du film.
De même il y a quelques facilités scénaristiques, ou bien un côté un peu manichéen, avec « ces gentilles créatures confrontées à de méchants humains »… Je pense que le film aurait surement gagné à nuancer son propos, avec par exemple un drame impliquant les créatures qui expliquerait la haine de certains humains, car au final l’allégorie sur le racisme est un peu basique…
Mais LE RÈGNE ANIMAL est incontestablement un des meilleurs films français de l’année.
Souvent je dis qu’on a le cinéma que l’on mérite, donc je vous invite vivement à découvrir au cinéma pour que plus de productions de ce type puissent voir le jour.