MEMORY
❤️❤️❤️❤️
Quand la mémoire qui s’efface rencontre celle que l’on voudrait oublier…
Sylvia est une femme dont la vie est cadrée par les traumas de son passé et ses réunions aux alcooliques anonymes.
Saul souffre d’une dégénérescence mentale le faisant constamment vivre dans l’instant présent.
Leur rencontre va bouleverser leur vie…
Je préfère ne pas en raconter plus mais, comme le titre du film l’indique, la mémoire sera un des thèmes centraux. Entre elle qui veut justement oublier son passé et lui qui est incapable de s’en souvenir.
Et pourtant, le sujet du film va bien plus loin que ça, pour finir par mettre un véritable uppercut au spectateur.
Mais même si Michel Franco nous propose une œuvre assez sombre, qui va remuer le spectateur, il y a un côté solaire qui prend le dessus par la relation entre ces deux personnages qui vont apprendre à s’accorder.
Et même si j’ai beaucoup aimé et que je vous le conseille vivement, je comprends qu’on puisse passer côté.
Certains vont reprocher au réalisateur sa mise en scène très froide, mais c’est pour moi sûrement son principal atout.
Mis à part une scène d’ouverture lors d’une réunion d’AA où sa caméra colle littéralement aux visages des acteurs, il les filmera constamment de loin le reste du temps, avec de longs plans fixes, donnant la sensation au spectateur d’être présent dans la salle avec les protagonistes.
De ce fait, il ne va jamais chercher l’émotion par des gros plans ou des regards.
Et c’est une bonne chose car l’écriture et le jeu des acteurs suffisent, et par ce choix radical de mise en scène, le réalisateur évite de sombrer dans le mélodrame putassier.
Et même s'il enchaine les plans fixes, ils sont souvent très travaillés, avec un réel sens du cadre, plaçant toujours judicieusement ces personnages dans le champs.
C’est d’ailleurs souvent par l’image qu’il réussit à nous faire comprendre l’évolution de la relation entre nos héros. En effet, le film n’apporte finalement que rarement des explications par ses dialogues, mais bien plus souvent par des gestes qu’il le fera, et avec une pudeur qui aura réussit à me toucher en plein cœur, avec certains plans marquants.
Evidement, le film étant porté par ses deux héros, on doit sa réussite à son duo exemplaire. Peter Sarsgaard mérite amplement son prix au festival de Venise, mais je retiendrai surtout une Jessica Chastain, à fleur de peau, qui livre pour moi sa meilleure prestation.
Après je comprends qu’on puisse ne pas adhérer au côté sombre ou à sa mise en scène, mais Michel Franco m’a offert une expérience cinématographique bouleversante qui restera gravée dans ma mémoire...