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  • THE NIGHTINGALE

    THE NIGHTINGALE ❤️❤️❤️❤️ Le film prend place au début du dix-neuvième siècle, et abordera le colonialisme australien et le racisme, en en faisant bien plus qu’un prétexte pour placer son histoire. Notre héroïne, esclave partie en chasse de ses bourreaux, fera appel à un aborigène pour lui servir de guide dans la forêt tasmanienne. La relation entre ces deux personnages qui vont apprendre à se connaitre fait merveille et est au centre du film. Elle y sera même pour beaucoup dans sa réussite. Mais bien sûr le thème principal du film sera le deuil, admirablement traité à travers toutes ses phases, la colère, la culpabilité, la tristesse, le désir de vengeance… Le film ne fait jamais l’erreur de faire de son personnage une femme badass qui dézingue à tout va. Au contraire, ses réactions restent souvent humaines, on y croit et ça aide énormément à l’empathie qu’on ressent pour elle. Tout cela aidé par une interprétation de haut vol de l’actrice qui nous fait ressentir ses émotions. Au final le film ressemble bien plus à un Impitoyable ou un Délivrance qu’à un I spit on your grave. Bref, même si il ne plaira pas à tout le monde, je vous invite à découvrir ce film intense, tout en sachant que l’expérience sera extrêmement éprouvante. Partager

  • Quand la mémoire qui s’efface rencontre celle que l’on voudrait oublier…

    MEMORY ❤️❤️❤️❤️ Quand la mémoire qui s’efface rencontre celle que l’on voudrait oublier… Sylvia est une femme dont la vie est cadrée par les traumas de son passé et ses réunions aux alcooliques anonymes. Saul souffre d’une dégénérescence mentale le faisant constamment vivre dans l’instant présent. Leur rencontre va bouleverser leur vie… Je préfère ne pas en raconter plus mais, comme le titre du film l’indique, la mémoire sera un des thèmes centraux. Entre elle qui veut justement oublier son passé et lui qui est incapable de s’en souvenir. Et pourtant, le sujet du film va bien plus loin que ça, pour finir par mettre un véritable uppercut au spectateur. Mais même si Michel Franco nous propose une œuvre assez sombre, qui va remuer le spectateur, il y a un côté solaire qui prend le dessus par la relation entre ces deux personnages qui vont apprendre à s’accorder. Et même si j’ai beaucoup aimé et que je vous le conseille vivement, je comprends qu’on puisse passer côté. Certains vont reprocher au réalisateur sa mise en scène très froide, mais c’est pour moi sûrement son principal atout. Mis à part une scène d’ouverture lors d’une réunion d’AA où sa caméra colle littéralement aux visages des acteurs, il les filmera constamment de loin le reste du temps, avec de longs plans fixes, donnant la sensation au spectateur d’être présent dans la salle avec les protagonistes. De ce fait, il ne va jamais chercher l’émotion par des gros plans ou des regards. Et c’est une bonne chose car l’écriture et le jeu des acteurs suffisent, et par ce choix radical de mise en scène, le réalisateur évite de sombrer dans le mélodrame putassier. Et même s'il enchaine les plans fixes, ils sont souvent très travaillés, avec un réel sens du cadre, plaçant toujours judicieusement ces personnages dans le champs. C’est d’ailleurs souvent par l’image qu’il réussit à nous faire comprendre l’évolution de la relation entre nos héros. En effet, le film n’apporte finalement que rarement des explications par ses dialogues, mais bien plus souvent par des gestes qu’il le fera, et avec une pudeur qui aura réussit à me toucher en plein cœur, avec certains plans marquants. Evidement, le film étant porté par ses deux héros, on doit sa réussite à son duo exemplaire. Peter Sarsgaard mérite amplement son prix au festival de Venise, mais je retiendrai surtout une Jessica Chastain, à fleur de peau, qui livre pour moi sa meilleure prestation. Après je comprends qu’on puisse ne pas adhérer au côté sombre ou à sa mise en scène, mais Michel Franco m’a offert une expérience cinématographique bouleversante qui restera gravée dans ma mémoire... Partager

  • THE CHEF

    THE CHEF ❤️❤️❤️❤️ Premier coup de cœur de l’année avec ce film Britannique aussi surprenant que mémorable. Après les grosses déceptions qu’ont été les adaptations de EN ATTENDANT BOJENGLES et ADIEU MONSIEUR HAFFMANN et deux bons films de grands réalisateurs, mais un poil en dessous de ce à quoi ils m’avaient habitué : LICORICE PIZZA et NIGHTMARE ALLEY (que je vous invite tout de même vivement à découvrir), voici ma première baffe de l’année. THE CHEF brille bien sûr par sa forme : un plan séquence admirablement maitrisé. Mais attention, je ne parle pas d’un plan séquence où les cuts sont camouflés comme dans 1917 (ce qui ne retire en rien que ce dernier soit un chef d’œuvre, et vu l’ampleur du projet, il ne pouvait en être autrement). On a affaire ici à un VRAI plan séquence, comme dans le thriller allemand VICTORIA (Vous n’avez pas vu VICTORIA ? Foncez découvrir cette petite pépite !!!). Le film a été fait d’une traite : deux jours de tournages avec et seulement quatre captations pour nous offrir quelque chose d’aussi rare que délicieux. Une vraie prouesse technique, qui a du demandé une préparation dantesque et où tout doit être millimétré et rien ne dois être laissé au hasard. D’autant plus que le plan séquence, n’est là pas juste pour dire « Tu as vu comment je suis doué ? », mais apporte vraiment quelque chose au film. On y suit une soirée dans un restaurant huppé, et en faisant virevolter sa caméra entre les différents protagonistes de l’histoire met le spectateur en immersion totale dans les coulisses d’un restaurant. Et surtout, ça apporte une tension folle, lui donnant souvent des airs de thriller. Car oui, la soirée que notre chef et son équipe vont vivre est assez cauchemardesque. Alors oui, peut-être trop même pour être totalement crédible, mais comme le fait que les plats présentés n’ont pas forcément l’air sortis d’un établissement de ce standing, en tant que spectateur, on s’en fiche car le spectacle proposé est lui un vrai régal. Mais, le succès du film ne serait pas total sans la prestation globale du casting assez folle. Car oui, quand tu t’engages dans un plan séquence de cette dimension, la moindre erreur peu plomber l’œuvre. Mais les acteurs sont vraiment au diapason et d’une justesse remarquable, tout en livrant une débauche d’énergie et quelques moments d’une grande intensité dramatique. Et même si notre Chef est interprété par un Stephen Graham impressionnant, celle qui à mon sens crève l’écran est son adjointe, jouée par une Vinette Robinson qui nous livre surement les passages les plus marquants de cette expérience. Car oui, THE CHEF, c’est vraiment une expérience cinématographique rare, qui perdra énormément de sa saveur sur une TV, comme tout film immersif. On en ressort vidé, comme si nous même avions participé à cette soirée un peu folle. Et quand tu penses que le Britannique Philip Barantini nous livre ici son premier film, ça laisse assez admiratif et curieux de voir ses prochaines réalisations. Partager

  • JOKER

    JOKER ❤️❤️❤️❤️❤️ Donc voici le film qui fera certainement beaucoup de bruit aux prochains oscars. Car Joker est clairement un film qui marquera l’histoire du cinéma et dont on parlera encore dans de nombreuses années. Pourtant, à la base j’étais vraiment septique et je ne voyais pas l’intérêt du projet. Car passer après Nicholson et surtout Ledger me semblait TRES compliqué et surtout le personnage devait se remettre de la purge récente qu’a été « Suicide Squad » avec la prestation « douteuse » de Leto. D’autant plus qu’en général, faire une origine story d’un personnage aussi emblématique a souvent tendance à le démystifier. Mais Joker réussi à éviter tous ces pièges et à en faire une œuvre majeur en surprenant son public et en ne le brossant pas dans le sens du poil. Déjà, NON ce n’est pas un énième film de superhéros. Ici, il n’est jamais question de superpouvoir et de combats dantesques et même si il se base sur un comic book populaire, le film se veut ultra réaliste. Même si l’ombre de Batman flotte sur le film, il n’est pas utile d’être un familier de cet univers pour l’apprécier. On a finalement affaire à un grand drame psychologique nous montrant comment un personnage affublé d’un handicap mental va basculer dans la folie à force de discrimination, du rejet des autres et de la société. Et même si le film se passe dans les années 80, il fait souvent écho à notre actualité. Le film emprunte d’ailleurs beaucoup plus à des films comme « Taxi Driver » et « La valse des pantins » qu’aux films de super héros. La présence de Robert De Niro, héros des deux films cités, n’est d’ailleurs pas anodine tant le film s’en inspire. Pour en revenir à la prestation de Joaquin Phoenix, elle est complètement folle (oui, je sais, c’est facile…) et lui tracera surement un chemin vers les oscars (où il devra certainement batailler avec Bard Pitt pour son « Ad Astra »). Rien que sa transformation physique pour le rôle force le respect. Jamais il ne cherche à singer les anciennes apparitions cinématographiques du personnage. Il apporte une humanité troublante au Joker le rendant à la fois particulièrement glaçant et attachant. Un attachement qui sera souvent dérangeant car il n’excuse en rien les agissements du Joker et ses pétages de plombs, même si il aide à comprendre son basculement. Car le film aurait facilement pu tomber dans le piège d’en faire un anti-héros, mais on a bien affaire ici à un psychopathe en devenir. Pour parfaire le tout, le film nous offre des plans somptueux qui s’impriment dans la rétine, grâce à une photographie magnifique alternant des colorimétries froides qui deviennent de plus en plus criardes au fur et à mesure que le Joker prend le dessus. Et puis cette BO magnifique aussi anxiogène que poétique qui enfonce le clou. Bref ma grande baffe de la rentrée, à l’image de la réaction d’un spectateur derrière moi à l’arrivée du générique « WHAOU !!! » Partager

  • LE GARÇON ET LE HÉRON

    LE GARÇON ET LE HÉRON ❤️❤️❤️❤️💛 Forcément là, je risque de perdre un peu de mon objectivité, vu à quel point je suis fan du travail de Miyazaki. Après dix ans d’absence, il a donc décidé de sortir de sa retraite pour nous proposer un nouveau bijou d’animation. Suite à la mort de sa mère, Mahito part vivre avec son père à la campagne, où il rencontra un Héron qui l’emmènera dans un fabuleux voyage initiatique. Je ne rentrerai pas plus dans les détails, car un des points forts du film est certainement la découverte de son univers. Dès sa scène d’ouverture, on est ébloui. Quelle claque visuelle !!! Le travail d’animation traditionnelle est encore une fois hallucinant. Un véritable travail d’orfèvre, où chaque arrière-plan ressemble à une peinture et est un régal pour les yeux, ça fourmille de détails, l’animation est d’une fluidité bluffante et le film propose un enchaînement d’idées visuelles déconcertant. L’univers est un véritable enchantement pour les yeux, mais aussi les oreilles, avec une musique époustouflante. On y retrouve tous les thèmes de prédilection du réalisateur, la guerre, la famille, la nature, l’enfance, le deuil, les divinités… Et son œuvre prend même ici des airs de film testamentaire, tant le thème de l’héritage est central. Il nous emmène dans un voyage onirique dans un univers extrêmement généreux et fourmillant d’idées, à la limite entre rêve et cauchemar, avec un bestiaire foisonnant. Une magnifique épopée qui surfera entre les genres dans une orgie visuelle et créative. Comme souvent chez Miyazaki, les personnages sont complexes et extrêmement attachants, jusqu’aux antagonistes. Car avec lui il y a énormément de nuances dans l’écriture de ses personnages, avec des héros qui ne sont pas parfaits, ou bien des méchants qui ne le sont pas vraiment. Il nous livre une nouvelle fois une œuvre poétique et mature, qui si comme moi, vous vous laissez emporter, vous fera ressortir de la salle des étoiles plein les yeux… Et même si dans mon cœur, il n’égalera pas LA PRINCESSE MONONOKE, LE CHÂTEAU AMBULANT ou MON VOISIN TOTORO, il n’en reste pas moins un des films les plus aboutis de cet immense réalisateur. Partager

  • LA FIANCÉE DU POÈTE

    LA FIANCÉE DU POÈTE ❤️❤️❤️💛 Mireille, notre fiancée du poète, est de retour à Charleville-Mézières où elle s’établie dans la maison familiale. Afin d’entretenir la demeure, elle décide de prendre trois locataires dont la rencontre va chambouler leurs vies. Yolande Moreau est une actrice que j’affectionne particulièrement pour son côté tendre et loufoque, et elle propose ici un film qui lui ressemble. Elle nous offre ici une fable fantasque à son image, dont le décalage pourra peut-être en laisser sur le bas-côté, mais si comme moi vous acceptez son invitation à rentrer dans son univers, ça fait un bien fou… Il y a un côté film choral porté par de vraies gueules de cinéma. Bien sûr en premier lieu Yolande Moreau qui est à la fois délicate et touchante dans ce personnage d’illuminée poétique qui lui va comme un gant. Et que ce soit Gadebois, Esteban, ou Lopez, ils incarnent parfaitement cette bande de marginaux plus décalés les uns que les autres. Sans parler d’un William Sheller, qui pour une première face à la caméra offre de grands moments de comédie. Et ça tombe bien, car la force du film n’est pas son histoire, assez classique, mais bien ses personnages, leurs interactions et l’énergie positive qu’ils véhiculent. Elle arrive à tirer des imperfections de ces personnages une sensibilité et une fantaisie qui font naviguer le spectateur entre humour et mélancolie. Et même si c’est un peu maladroit par moment, il se dégage une vraie poésie de l’ensemble et je me suis laissé porter par leurs aventures à la fois drôles et touchantes. D’autant plus qu’elle se permet quelques fulgurances de mise en scènes qui fonctionnent à merveille. Avec cette parenthèse enchantée, elle ne cherche pas à révolutionner le cinéma, mais elle arrive à nous faire passer un bon moment et ressortir de la salle avec le sourire. Et rien que pour ça, son film mérite de s’y attarder… Partager

  • OPPENHEIMER

    OPPENHEIMER ❤️❤️❤️❤️ On va commencer par ce qui va mettre tout le monde d’accord : techniquement le film est grandiose. Bien sûr, visuellement, c’est à tomber par terre et même si on peut douter de l’utilité de l’IMAX pour un film finalement introspectif, cela rend justement les détails sur les visages ou les regards saisissants. Puis le film propose quand même des plans assez dingues. Sans compter que Nolan a vraiment un sens du cadre et même si c’est loin d’être son film le plus spectaculaire, ça reste un régal pour les yeux. Mais si le film demande ABSOLUMENT à être vu au cinéma pour l’apprécier à sa juste valeur, c’est surtout pour sa bande son qui est tout simplement exceptionnelle. En premier lieu la partition musicale de Ludwig Göransson, qui même si cette première visu ne m’a pas marquée par un thème précis, la musique est omniprésente et joue énormément sur le ressenti du spectateur et la tension qui s’installe. Mais surtout, c’est l’habillage sonore qui scotche au fauteuil. Le travail sur le son est formidable et fait que le film ressemble par moment à une expérience sensorielle. Au niveau de la narration, on retrouve l’obsession du réalisateur pour le temps. Nous avons donc des changements incessants de lieux et d’époques, sans aucun texte pour guider le spectateur. Mais la grande force de l’écriture est de ne jamais perdre le spectateur, qui réussira toujours à se repérer garce à un dialogue où un détail à l’image. Sans compter que le film balaye 40 ans d’histoire, et donc une foison de personnages. Mais là aussi le film est aidé par un casting monstre qui aide le spectateur à identifier les protagonistes grâce à des visages connus. Et il faut avouer que niveau acting, ça envoi du lourd et dans quelques mois il devrait y en avoir quelques-uns qui vont se battre pour une petite statuette dorée. Cillian Murphy, bien sûr, qui porte le film et se retrouve enfin dans un premier rôle au cinéma qui lui permet de montrer l’étendue de son talent. Je retiendrai aussi Emily Blunt qui, même si Nolan sous exploite toujours autant les rôles féminins, réussit à tirer son épingle du jeu, en trouvant le culot d’avoir la scène qui m’aura le plus marquée. Mais plus que tout, c’est Robert Downey Jr qui m’aura bluffé. Quel bonheur de le voir dans un rôle aussi travaillé, loin des blockbusters dans lesquels il s’était retrouvé piégé (même si je ne vais pas vous mentir, c’était le pied de le voir camper Iron Man). Par contre, j’ai un souci avec le film, ou plutôt son genre, c’est que je ne suis pas un grand fan des biopics. Aussi maitrisé soient-ils (et ici on est clairement dans le haut du panier), c’est que le fait de connaitre les grandes lignes de l’histoire nuit à la dramaturgie. Et même si Nolan arrive à installer une tension assez dingue faisant flirter son film avec le thriller, on connait le destin d’Oppenheimer, et donc je trouve que ça perd en émotion car on s’inquiète assez peu pour le héros. Et puis, il faut reconnaitre que le film est long et décide d’aborder l’histoire via tous les prismes (science, politique, militaire, pénal…), ce qui en fait un film TRÈS dense. Et même si j’ai trouvé ça passionnant, ça demande un véritable investissement de la part du spectateur. D’autant plus que le film est extrêmement bavard, mais heureusement, le montage apporte un rythme impressionnant, le rendant passionnant. Même si je préfère quand Nolan s’attaque à une fiction, ça ne sera pas pour moi son plus grand film, mais paradoxalement surement le plus maitrisé. Partager

  • Hommage à l’âge d’or cinéma d’action Hongkongais des années 80

    CITY OF DARKNESS ❤️❤️❤️💛 Hommage à l’âge d’or cinéma d’action Hongkongais des années 80 Soi Cheang m'avait bluffé l'année dernière avec son film LIMBO, et j'étais donc curieux de découvrir ce CITY OF DARKNESS. Même si les deux films sont radicalement différents, ils ont un point commun : la virtuosité du réalisateur, qui propose une nouvelle fois un film visuellement grandiose. Le film démarre comme un thriller, avec ce migrant clandestin qui fuit un puissant chef de gang et trouve refuge dans « La Citadelle », une zone de non-droit où la loi britannique des années 80 ne s'appliquait pas. Puis, le film bascule dans le drame familial, mais c’est avant tout un éblouissant film d'arts martiaux, comme le cinéma en propose rarement aujourd'hui. Même si le scénario semble déjà vu, le film réussit à captiver notre attention grâce à sa pléiade de personnages charismatiques. Et même s'il est souvent prévisible, il réserve quelques surprises. Surtout, il est visuellement extrêmement généreux et les combats offrent une jouissance ultime. On remarquera le travail étourdissant sur les décors, qui rappelle celui de LIMBO. Les décors sont constamment surchargés de détails, apportant une atmosphère poisseuse et sombre, transformant ce ghetto en un véritable labyrinthe. Le réalisateur intègre ces décors à merveille dans sa mise en scène. Les combats, chorégraphiés à la perfection, sont tous plus impressionnants les uns que les autres, exploitant ingénieusement toute la verticalité du décor et proposant des scènes à couper le souffle. Le montage, aussi nerveux que les combats, reste toujours clair et lisible. Le tout est sublimé par une photographie splendide et colorée, qui parvient à extraire une certaine poésie de ce bidonville. Placer l'action du film dans les années 80 n'est pas anodin, tant cela semble être un hommage au cinéma qui a fait la gloire de Hong Kong à cette époque. Alors, même si l'écriture reste assez classique, sur la forme, CITY OF DARKNESS n'en demeure pas moins une claque des plus impressionnantes. Partager

  • La transition d’un projet casse gueule vers une pépite d’une originalité folle.

    EMILIA PEREZ ❤️❤️❤️❤️ La transition d’un projet casse gueule vers une pépite d’une originalité folle. Manitas, un chef de cartel mexicain, contacte Rita, une avocate travaillant pour un cabinet dont la philosophie est de blanchir des criminels. Il décide de l’engager pour l’aider à changer de vie : devenir la femme qu’il a toujours rêvé d’être et disparaître de la circulation (parce que oui, dans le milieu des cartels, ça passe encore moins bien que dans le reste de la société…). Ah oui, j’ai aussi oublié un détail : c’est une comédie musicale… Donc là, en quelques lignes, j’ai perdu la moitié des lecteurs, qui passeront donc certainement à côté d’un très grand film, car EMILIA PEREZ est un ovni, mais surtout une petite pépite. Alors oui, c’est une comédie musicale et ça chante vraiment beaucoup, mais on est plus proche d’un ANNETTE ou d’un DANCER IN THE DARK que d’un WEST SIDE STORY (qui est soit dit en passant ma comédie musicale préférée). Quand je dis ça, c’est pour expliquer qu’ici, les moments chantés sont loin des standards de Broadway et ne cherchent pas à en mettre plein les yeux avec des chorégraphies ultra-léchées et des morceaux qui restent en tête. Non, dans Emilia Perez, les chansons servent vraiment le scénario et sont plus souvent des introspections dans les pensées des protagonistes. Chaque chanson fait évoluer les personnages d’une manière ou d’une autre. Pour autant, le film est très esthétique et Jacques Audiard prouve une nouvelle fois qu’il a un sens du cadrage exemplaire. Même si on n’est pas dans le grand spectacle, c’est visuellement somptueux. On notera aussi que l’ensemble est soutenu par une superbe bande originale, mêlant les genres musicaux. Même si le film traite de la transidentité, c’est loin d’être le seul thème abordé. Il y est beaucoup plus largement question de recherche de soi en général : pour le personnage du chef de cartel par rapport à son genre, pour celui de l’avocate par rapport à son travail, et pour celui de la femme par rapport à son épanouissement sexuel. Le thème de la famille est aussi central, tout comme les victimes collatérales des crimes perpétrés par les cartels. Le film navigue ainsi entre le thriller, le film noir, le drame et la quête de rédemption. On pourrait penser que le film s’éparpille, et pourtant, grâce à son écriture exemplaire, l’ensemble forme un tout d’une grande profondeur. Mais surtout, le film est porté par trois actrices bluffantes et dirigées de manière remarquable. Karla Sofia Garcon en tête, qui impressionne par son charisme et l’émotion qu’elle arrive à dégager. Et même si le chant et la danse ne sont pas son fort, elle réussit à nous livrer de grands moments d’émotions dans ces scènes. Zoe Saldana se libère des grosses productions hollywoodiennes et livre une prestation éblouissante (aussi bien dans l’intensité de son jeu que dans le chant ou la danse). Selena Gomez, même si son rôle est moins important, n’est pas en reste et parvient à donner de l’épaisseur à son personnage. Toutes les trois font en sorte que la dramaturgie prenne, et que le film réussisse à toucher profondément le spectateur. Une nouvelle fois, Audiard prend des risques en sortant de sa zone de confort. Il nous livre ici un projet fou qui aurait pu être casse-gueule, mais au contraire, il est à la hauteur de ses ambitions et mélange les genres à merveille pour nous proposer un film aussi original qu’abouti. Partager

  • LE RÈGNE ANIMAL

    LE RÈGNE ANIMAL ❤️❤️❤️❤️ Dans un futur proche où une partie de la population se transforme en animaux, un père et son fils s’embarquent dans une quête qui bouleversera à jamais leurs existences. Voici donc un film de genre français, ce qui risque de faire peur à pas mal de spectateurs, mais vous auriez tort de passer à côté, car on a film fantastique qui n’a pas à rougir des productions hollywoodiennes tout en ayant sa propre personnalité. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant qu’il ait fait partie de la shortlist des cinq films présélectionnés pour représenter la France aux Oscars. Techniquement, le film est extrêmement maitrisé et vraiment généreux en termes de créatures, d’autant plus qu’il rentre directement dans le sujet. Le film s’est donné les moyens de ses ambitions (15 millions de budget est plutôt conséquent pour une production de genre Française) et si il est loin des budgets astronomiques des grosses productions américaines, il exploite le moindre euro pour rendre les « bestioles » bluffantes de réalisme. Il y a un énorme travail sur les maquillages et les prothèses rendant chaque apparition de créature saisissante, ou flirtant parfois avec le body horror. Un peu comme THE CREATOR, la semaine dernière, le rendu réaliste du film met à l’amende pas mal de grosses productions qui bâclent leurs effets spéciaux à base de FX douteux… D’autant plus que le film est aidé par une photographie et une mise en scène souvent très inspirées, donnant des plans qui marque la rétine. La scène d’ouverture est de ce point de vue exemplaire, flirtant avec les codes du film catastrophe, mais je pense aussi à cette scène dans un champ visuellement éblouissante. Mais le film ne brille pas uniquement par la forme, mais aussi par le fond. La relation entre le père et son fils, mais surtout l’évolution de leurs personnages, sont exemplaires. Romain Duris, comme toujours, impressionne par son talent d’acteur et apporte énormément d’émotion au film. Mais la vraie découverte, c’est Paul Kircher. Même, si j’étais dubitatif sur les premières minutes, plus le film avançait, plus il a réussi à m’emporter pour être finalement LE grand atout du film. Sans jamais en faire des caisses, le duo arrive à profondément toucher le spectateur. Après, le film n’est pas exempt de défauts, mais je les lui pardonne, tant la proposition du film est généreuse. On pourra regretter que l’excellente Adèle Exarchopoulos n’ait ici qu’un rôle anecdotique, un peu comme tous les seconds rôles, mais c’est surement ce qui permet de se concentrer sur la relation père-fils qui est au cœur du film. De même il y a quelques facilités scénaristiques, ou bien un côté un peu manichéen, avec « ces gentilles créatures confrontées à de méchants humains »… Je pense que le film aurait surement gagné à nuancer son propos, avec par exemple un drame impliquant les créatures qui expliquerait la haine de certains humains, car au final l’allégorie sur le racisme est un peu basique… Mais LE RÈGNE ANIMAL est incontestablement un des meilleurs films français de l’année. Souvent je dis qu’on a le cinéma que l’on mérite, donc je vous invite vivement à découvrir au cinéma pour que plus de productions de ce type puissent voir le jour. Partager

  • LE PROCÈS GOLDMAN

    LE PROCÈS GOLDMAN ❤️❤️❤️💛 Ce film raconte une histoire qui défraya la chronique dans les années 70 : le deuxième procès de Pierre Goldman, condamné en première instance à perpétuité pour plusieurs braquages à main armée ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes, meurtres dont il clamera son innocence. Même si c'est le frère du célèbre chanteur, je n'avais jamais entendu parler de cette affaire, aussi fascinante et troublante que son protagoniste. Cédric Kahn fait le choix radical de nous raconter cette histoire sans fioritures, en proposant un quasi huit clos dans la salle d'audience. Le procès n'ayant jamais été filmé, il choisit le format 1.33 qui était le standard de l'époque, ce qui à l'avantage de focaliser les images sur les témoignages des personnages. Ça et le fait de l'absence totale de musique, donne au film des airs de documentaires. Une des forces du film est de ne pas être manichéen, en ne prenant jamais parti et se limitant à exposer les faits, sans chercher à développer les personnages, mettant le spectateur dans la peau d'un juré, avec cet inconfort du doute, d'autant plus que la procédure judiciaire multiplie les erreurs qui mettront continuellement le doute sur la culpabilité de ce suspect pourtant exécrable. Il dresse ainsi un portait troublant de l'homme, mais aussi de la justice et de la société de l'époque. Même si il est totalement antipathique, le personnage de l'accusé est fascinant de charisme et faisant de sa figure médiatique une force, en transcendant les foules avec son côté provocateur, allant jusqu'à injurier le système, les témoins et les avocats... Il est d'ailleurs incarné par un impressionnant Arieh Worthalter, dont l'éloquence prête même souvent à rire, réussissant à le rendre bizarrement sympathique et expliquant pourquoi autant de monde s'est ligué derrière le personnage... Mais, son choix de mise en scène, en étant aussi radical, est aussi la limite que j'ai avec le film. Même si les faits sont passionnants, cinématographiquement, ça manque de créativité à mon goût, comparé par exemple à ANATOMIE D'UNE CHUTE ou LES CHOSES HUMAINES qui redoublent d'ingéniosité de mise en scène. Le fait de filmé ça de façon très documentaire est certes immersif, mais pose un problème de rythme à mon sens, et même si on ne s’ennuie pas, j'ai trouvé que ça manquait malheureusement de "cinéma"... Partager

  • LES CHOSES HUMAINES

    LES CHOSES HUMAINES ❤️❤️❤️❤️ Alexandre est étudiant dans une grande université américaine. Lors d’un week-end à Paris, il rencontre Mila, la fille du nouveau compagnon de sa mère, qui l’accompagne à une soirée d’anciens étudiants. Le lendemain, la police débarque chez lui : Mila a déposé une plainte pour viol… Le film sera divisé en trois parties Lui, elle et le procès. Les deux premières vont prendre le temps de nous présenter les deux personnages avec un certain recul, mais en les traitants toujours sur un pied d’égalité. Même si dans un premier temps, on prend instinctivement parti pour Mila, au fur et à mesure des doutes nous assaillent et on est assez perturbé quand arrive le procès qui sera le plus grand segment de ce film et certainement la plus aboutie. Et c’est là que la mise en scène d’Yvan Attal prend toute son importance. Chaque intervenant sera filmé en plan séquence, se focalisant sur ce qu’il a à dire, sans nous monter les réactions des autres personnes. Ce qui donne au spectateur une immersion totale en le mettant à la place du juré pour se forger sa propre opinion sur ce terrible drame. Le procès est clairement un des plus passionnants que j’ai vu ces dernières années et on est suspendu à chaque mot. Au fur et à mesure, nos convictions s’envolent en éclats et on vient se demander qu’elle est la vérité, comment on aurait réagi à la place de la victime, bien sûr, mais aussi de l’accusé et de leur entourage. Il sera bien difficile pour le spectateur de se faire son propre jugement. La grande force du film, et certainement ce qui divisera une partie du public, est qu’il n’est jamais manichéen. Clairement dans l’air post #metoo, le film abordera les sujets du viol, du consentement et de cette fameuse zone grise, mais le fait avec intelligence. Alors certes, c’est perturbant, le spectateur ressent un malaise et il aurait préféré que les choses soit plus simple, mais au final c’est diablement efficace. Et à une époque où les gens ont tendance à tout de suite faire un lynchage public sur les réseaux sociaux l’impact du film est encore plus fort. Au niveau du casting, comme on pouvait s’y attendre avec les têtes d’affiches présentes, il y a du level. Mais c’est clairement les deux jeunes acteurs qui sortent du lot et surtout la jeune Suzanne Jouannet qui livre une prestation bouleversante. Et le fait d’avoir choisi une actrice jusqu’à maintenant inconnue et non identifiée pour ce rôle renforce l’impact qu’elle a sur nous en tant que « juré » de ce procès. Bref une très bonne surprise. Un film intelligent et nuancé dans ses propos, certes malaisant mais qui interrogera le spectateur et ne laissera pas indifférent. Partager

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